Maxence Caron, le barde lientérique

J’avais comme on dit “dépublié”, je m’étais autocensuré, cependant la publication récente de La Transcendance offusquée m’oblige à décensurer :

avril 2015 — Quand j’ai ouvert pour la première fois un ouvrage de Maxence Caron, je ressentais une rare jubilation. On me l’avait présenté comme un poète génial assoiffé de vérité et de beauté. J’ai lu, honteux d’abord de ne pas réussir à apprécier celui que j’avais pourtant décidé d’aimer et de ne pas non plus réussir à comprendre ce avec quoi j’avais été certain d’être d’accord.

Depuis je me suis ravisé. Maxence Caron est un auteur à éviter, hélas. Il est égocentrique, très amoureux de lui-même et, finalement, assez bébête. Ce doit être épuisant de dire autant de mal en jurant que c’est au nom du bien, de distiller autant de haine en jurant que c’est au nom de l’amour, de faire autant d’efforts pour avoir l’air d’être un génie en jurant qu’on n’y est pour rien, de répéter sans cesse qu’on n’aime pas la politique et l’actualité quand on n’arrête pas d’y faire référence, de se prévaloir des mystiques pour donner dans le commentaire intello et la pantalonnade bourgeoise, l’ivresse, l’excès de tout sauf du vrai, l’hyperactivité étymologique.

Maxence Caron est diarrhéique. Il tâcheronne ses pensées dans une langue néologisée d’une laideur de compétition. Cet homme qui aime la musique, ou prétend l’aimer, et joue du piano comme un collégien anxieux, avec c’est vrai une sincérité touchante, est l’auteur des textes les moins musicaux jamais écrits en français. Son roman L’insolent est illisible et ses poèmes sont gonflés d’air faux. Simone Weil c’était la simplicité extrême au service de la vérité absolue, Maxence Caron c’est la complexité absolue au service de presque rien.

La Vérité captive aurait pu être un grand texte s’il avait su se contenir. Maxence Caron n’est pas un mauvais philosophe. C’est même un lecteur extrêmement précis et audacieux de Heidegger, mais quel piètre écrivain, et quelle colique grammaticale. Le fond n’est pas inintéressant mais il faudrait tout réécrire en français.

Quant à ceux qui pensent qu’il “invente” ou qu’il “réinvente” la langue française, quelle plaisanterie ! Caron l’inventeur, le réinventeur ! Allons bon !

Je me demande ce que Philippe Muray aurait pensé de ce syndrome d’après l’Histoire, lyrique comme une publicité pour Castorama écrite en grec ancien, Guy Debord agenouillé devant un crucifix en plastique, pianiste de supermarché, Assurancetourix lientérique, fournisseur abondant de bavardages prétentieux, dont l’humour potache est celui d’un dentiste qui aurait couché avec l’attachée de presse des Belles Lettres.

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Guillaume Sire
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2 Responses to Maxence Caron, le barde lientérique

  1. Aiguille Verte says:

    C’est bien, vous êtes mûr pour lire Marcel Gauchet.

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  2. Litterature says:

    C’est qui Guillaume Sire ?

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