à Joseph Ponthus-Le Gurun (1978-2021)
À quoi bon tendre l’arc si l’archer est perdu ?
Que fera-t-on des cloches quand les clochers ne seront plus ?
Ange-ours au cœur de mousquetaire, es-tu ce soir à l’intérieur des phrases, dans le roulis du contre-jour ? Quelle est cette farce qui t’a plu ? Es-tu sur les triangles de tes plages à patates ? Ton équilibre, funambule… où le caches-tu ?
Les vastes cheminées des usines, qui dégueulent si bien, seront-elles enfin capables de pleurer ? Les têtes de crevettes sortiront-elles du néant, comme d’un Caravage ? Ce serait là la moindre des choses il me semble…
Les lichens filandreux grimpent dans les bistros sous la cible, le fanion, la bière. J’entends moucher l’éclair. Et l’azur celte ! La dignité ! Le drelin des vipères !
Ange-ours au cœur de mousquetaire, ton paletot n’est pas crevé. Les foins d’orient brûlent déjà sous les icônes, mais ta phrase, je l’ai vue, a bougé. Elle bougera encore !
Grand phrère, reviens, reviens par la paille, l’échelle, reviens dans la Croix, dans l’hémistiche de mes prières, hante-les, abrite-toi, mais reviens, par pitié, défends-moi !
Reviens dans le silence. Parle. Détruis-le. Sois dans les mots que tu as domptés. Sois dans la coquille, et les joues du tabac, le chocolat au lait, dans Marx, chez Guillaume Apollinaire et Dumas, dans le cuir, le vin, le sel et l’angle mort des forêts, dans l’antenne des Muses ! Sois partout, puisque tu n’es plus là…