Et qu’enfin j’appartienne

[1. Aux blés coupés des champs, et surtout, parmi eux, aux souriceaux sans protection, ou aux enfants dans la piscine, leurs cris, la torpeur de Juillet, les premières trompettes du désir, la lecture de Michel Strogoff en pyjama sous la moustiquaire, bientôt le CM2…]

2. Je fonde en toi que deux et deux font quatre, dans ta folie d’amour, sous le couteau d’Abraham,

3. En toi ma raison d’amour, à la croix de mes pieds liés, où seule tiennent encore la prière, le silence, l’onde.

4. Volontairement, j’appartiens à ta volonté.

5. Fais de moi une chose, le râle d’une chose, cloue-moi au supplice de ton absence,

6. Je fonde en toi la gravité, qui est le seul principe physique universel — l’espace rendu sensible au temps,

7. En toi l’insolation d’un scout, à la fin de son camp, quarante-deux degrés à l’ombre — et il voyait des drapeaux ;

8. En toi l’hypothèse des orages…

9. Pense à travers moi,  Seigneur, fais de moi l’instrument de ta raison, et le jouet de ta folie, le couteau d’Abraham, la coupe, les clous,

10. Remplace dans mon âme la pulsion éthique par la conscience du péché, pour que je sois le pion de ta miséricorde,

11. Et qu’enfin j’appartienne à ce cri déchirant que Jésus a poussé sur le rivage.

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