[Au triste feu de mes principes. Quand j’ai été aux pensées d’un autre.]
Miracle du langage attachant chaque mot à l’ombre de ce qu’il appelle, une prière — paramétrant dans chaque mot la fonction d’une pensée, unie chimiquement à ceux qui l’ont nommé ;
Au mot le plus banal, disons le « robinet », une mission céleste : l’onde spatiotemporelle, la marque, la sotériologie du robinet — le coulant, le versant, le coupant, le murmurant robinet, le robinet total, le révélé robinet des siècles, robinet de mes lointains ancêtres, le premier, le dernier, le fameux, le discret, l’impossible, le dégouttant robinet ;
Miracle du langage qui aux abstractions fournit un fondement : la valeur, la justice du robinet, son éternité, sa saveur,
Y compris aux articles : entendons un robinet,
Miracle de ces mots toujours substitués, parvenus jusqu’à moi par la forêt des âges, sous la fornication des astres et des éclairs, dans le Verbe fait chair (qui est celui qui est)
Miracle du premier crâne de ce premier mouton servi au « robinet », du premier sacrifice — et de ce mot : « miracle », qui est pour mieux prier.