[Aux tambourins couverts d’encens, fouettés avec de l’or ; et partout La Lumière — déjà L’Apparition !]
Allume Ton étoile au-dessus de l’horloge de la gare, l’horloge de la mairie, l’horloge du salon, celle qui la nuit fait tellement de bruit qu’il nous faut enlever les piles lorsque la migraine est trop forte. Dans le quartz des montres, dans le réveil-matin et dans l’état fondamental de l’atome de césium — allume ton étoile.
Allume ton étoile au-dessus de ma cantine, de mon frigidaire, des bouteilles de lait rondes et lourdes, de mes préconisations alimentaires, des péremptions et de certaines allergies combinatoires. Au-dessus des casseroles ad hoc, du thermomix chamanique, des radicelles, des yaourts et des oignons germés — allume ton étoile.
Allume ton étoile au-dessus de mon lit, et de tout ce qui, en moi, se couche, l’aigle blessé de mes mensonges, mes dais de peau et les insectes hideux de mes analogies. Au-dessus de tout ce qui est déjà mort — allume ton étoile.
Allume-la au-dessus des « Seigneur, seigneur » de mes actes manqués et des objets contondants de ma désespérance, et de ces cartes de voeux qui traînent encore dans les romans de l’adolescence (Cohen, Gary, Hesse, etc.). Dans le photophore de mes examens de conscience — allume ton étoile.
Tire, attrape, creuse mes reins, arrache la peau de mes joues et donne à mes paupières le hameçon tranchant des tiennes, car je veux avancer vers toi. Dresse devant moi l’ange du Jabbok : ippon !
Seigneur, donne-moi l’apparition.