Ouvre en moi les rideaux d’un théâtre italien 

[Au brigadier, aux voix d’oiseaux, au canevas des concetti ; au bruit du bois frappé au bois ; à la scène, chaque fois qu’elle préfigure l’autel.]

Ouvre en moi les rideaux d’un théâtre italien : assiste au premier rang à ma dénudation — qu’y monte sur les planches la société de mes mensonges.

Ici Polichinelle: le ventre et la bosse, le nez crochu de mon enfance— spirituel: spirituel et idiot comme un ange.

Après lui le bouffon, dont le damier fluorescent est celui d’un caméléon — Arlequin: impossibilité d’être à soi-même —

Suivi de Colombine dans sa dentelle et dans ses fraises, une sensualité de fête foraine — ah, le désordre de mon appétit !

Convoque ensuite Pantalon : tout ce qui dans moi avant de naître était vieux et avare — de mes calculs : le portefeuille ramoindri…

Célèbre en moi la messe universelle : pose la joue de Brighella sur ma pierre intérieure — qu’y fleurisse une lame, aiguisée au diamant de mon action de grâce!

Et qu’y danse le nœud coulant de mon carême — en glorieuse épitase!

Adieu hypocrisie: mannequinat ! J’existerai au Ciel.

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Guillaume Sire
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