Les émissions, magazines, etc. littéraires (pouah!) parlent presque toujours de ce qui dans la littérature n’est pas la littérature. “Vous avez écrit à propos de la guerre civile au Cambodge, pouvez-vous nous parler de cette guerre ? Que s’est-il passé ? Et le Cambodge : c’est comment ?”

Quand ils ne devraient s’intéresser qu’aux mots, au rythme, à la scansion, à la grille des phonogrammes, au squelette, à la porosité des os, aux chairs, aux muqueuses, à l’ambiance, à la lumière, bref, au texte, à la peau, aux organes, à leur texture saignante… les journalistes (re-pouah!) et les profs (re-re-pouah!) ne s’intéressent qu’au prétexte. Et si on les contraint à enfin baisser les yeux sur la phrase, voilà des : “style éblouissant”, “flamboyant” ou alors “une écriture au cordeau”, etc. S’ils avaient vécu à la Renaissance, ils auraient demandé à Michel Ange, Léonard, Raphaël, etc. : que pensez-vous de l’Annonciation ? Pouvez-vous nous parler de l’évangile de Saint Luc ? Pouvez-vous nous raconter l’histoire de l’ange ? Quand il aurait fallu leur demander : “pourquoi ce rouge et ce bleu pour Marie ? Pourquoi la colonne ? Comment avez-vous construit la perspective ? Pourquoi trois arches ici et deux là ? Pourquoi cet usage de la feuille d’or ? Pourquoi cette posture de l’ange ? Pourquoi ce marbre ? Comment ? Pourquoi là-bas, cette fontaine ? Quel liant ? Quels pigments ?”

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