Poème pour tout bloquer

La France ce matin a au ventre des nœuds, des fourmis dans les jambes,
Son foie démange, son bâton est rompu, elle n’a ni faim ni soif
(Trente millions de fourmis abruties et vociférantes),
De serments acquittée, mauve…
Les pertes s’accumulent, les orteils ont pourri,
Le souffle au cœur républicain glougloute,
Les lèvres ecclésiales ont été fendues,
Deux poches à merde pendent d’où était tiré le lait de la patrie,
Dans sa bouche est tressé le barbelé-machine
Et dans son nez le foin infécond des remèdes,
Les traités s’entortillent : Europe, débat public, concertation (mon cul !)
Elle parle, au moins… Disons qu’elle veut parler
Et bloquer devant elle le bulldozer inique, son algorithme, son hélice à viscères,
Et avec lui le métropolitain des circonstances: bloquer tout, enfin –
Aux événements: muselière ! À la démocratie: bandeau!
Aux chiennes, aux chiens des conjonctures, péripéties infranchissables,
À l’administration sans âme, aux cales, à l’évier commun, à la justice moins les miracles, aux preuves quand elles manquent, à l’hôpital omniprésent…
Coudre son joug une fois pour toutes! Attacher à nos chairs la corde de sa joie!
“Mort au Temps, crie-t-elle, mors au Feu!
Les récoltes tant pis… L’école il faudra…”

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Guillaume Sire
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