Les confessions d’un funambule (2007)

Roman publié aux éditions de la Table Ronde, en janvier 2007.

«Il était une fois un enfant étrange qui n’aimait pas le gâteau au chocolat…»
Tenir en équilibre. Être d’ici et d’autre part, à la fois bon et mauvais, mélancolique et heureux. Jongler avec les fibres du réel et la nébuleuse des rêves. À force de volonté, faire d’une corde un monde merveilleux où tout devient possible.
C’est ce que le vieux Célestin a enseigné à Robin. Il a légué à l’enfant le sceptre d’un royaume fabuleux. Tout au long de ses confessions, Robin tâche de comprendre ce qui s’est passé entre cet homme et lui. Il essaye de tenir sur la corde de l’existence, d’y danser avec grâce, il se blesse, puis il remonte sur le fil avec acharnement.
Le premier amour, les paradis artificiels, la bohème… Comment être heureux aujourd’hui et demain? Comment trouver l’équilibre dans une réalité où rien ne tient en place? Enfin, comment rêver les yeux ouverts?

Ce récit-conte, dont l’inventivité demeure remarquable, s’écoule à la manière d’un torrent. […] (Le)c(t)ure de jouvence !”
 Le Français dans le monde, juillet-août 2007
“Construit avec maestria, comme une symphonie.”
Notes bibliographiques, avril 2007
“Ce roman d’apprentissage séduit par son énergie et la variété de ses climats.”
L’Opinion Indépendante (Christian Authier), 30 mars 2007

“Un enchantement.”
Sud Ouest, 18 mars 2007

“C’est écrit avec beaucoup de simplicité, mais les sentiments sont justes.”
L’Echo Le Régional, 14 mars 2007
“Sire a plusieurs cordes à son arc, un lyrisme très « Grand Meaulnes », des dialogues qui claquent des talons, une imagination qui le sort du lot.”
Madame Figaro (Eric Neuhoff), 24 février 2007
“Guillaume Sire qui n’a que vingt ans fait une entrée tonitruante sur la scène littéraire.”
Le Dauphiné Dimanche, 18 février 2007
“Premier et beau roman.”
La Dépêche du Midi (Philippe Brassart), 18 février 2007
“Une écriture sobre, un arrière-pays riche et un sens précoce de la narration font tout le charme de ce livre.”
Le Figaro littéraire (Sébastien Lapaque), 8 février 2007
  • Extrait n°1 :

Et ma mère parlait. Elle murmurait tout bas, puis criait haut et fort. Elle voulait endormir son enfant colérique. Ses doigts couraient le long des grandes pages illustrées. La tête posée sur ma taie de soie bleue, je l’observais attentivement. Je n’écoutais pas ses histoires, mais je captais les mots. Quand elle s’en allait, me croyant assoupi, je rouvrais les yeux dans l’obscurité. Blotti sous ma couette, je donnais vie à ma propre légende à l’aide des mots absorbés.
Je touillais, rafistolais, effilochais. Je faisais bouillir, rôtir, griller. Je repassais. Je laissais prendre. Le résultat de ma recette fut la mise au monde de mon propre univers : Terragora. Terre peuplée de mythes et de fous, d’envie et de haine. Je m’en allais, bercé par le fleuve de mon royaume, cueillir les poires et les framboises de ma jeunesse : l’alchimie d’un esprit éthéré.
Terragora fut la seule place où j’ai pu vivre libre. J’y partais au plus profond de la nuit. Chaque matin, je revenais un peu moins. Là-bas, la réalité se mouvait comme un reflet. Personne ne se ressemblait. Chaque fleur avait son éclat, les chansons n’avaient jamais de refrains. Je naviguais sur des eaux dont les courants soufflaient selon leurs humeurs. Ni frontières, ni normes, ni codes. Pas d’écoles, pas de maîtres, pas d’élèves.
«Terragora ! Ô plaine de mes songes, étendue chapardée à mes nuits, récréation de mon enfance, merci. Merci pour les balades à l’ombre de tes baobabs. Merci pour les bains dans le secret de tes cascades. Merci pour les oiseaux de feu qui me prenaient sur leurs dos. Merci pour les écureuils qui m’invitaient à jouer, pour les étoiles qui flottaient au réveil, pour l’impatience que j’avais de dormir.

  • Extrait n°2 :

L’école maternelle n’a laissé sur mes lèvres que d’âpres souvenirs. J’étais peureux, maigre. J’avais une salopette rouge que j’aimais beaucoup. J’aurais voulu la porter tous les jours sans que ma mère ne la lave. Les autres se moquaient de moi. Ils m’effrayaient dès qu’ils me montraient du doigt. Les enfants aimaient se battre. Il y avait des clans.
– Tu es avec nous ou contre nous ! me disaient-ils à la récréation.
Ainsi, j’avais beau ne vouloir ni de leur amitié ni de leurs coups, je finissais par être enrôlé ou torturé. Aucun enfer n’est plus embrasé que la cour d’une école maternelle.
Pourquoi jouaient-ils avec des armes à feu ? Un jour, ces armes deviendraient vraies. Mon oncle leur donnait le nom de «foi du traîne-misère».
– Chacune d’elles est responsable de plus de cent orphelins, m’avait-il expliqué.
Rien ne me rendait plus triste que les orphelins. Les petites mains potelées de mes camarades me glaçaient le sang quand elles appuyaient sur les gâchettes en plastique. D’ailleurs, comme je n’avais pas d’arme, c’était souvent sur moi qu’elles tiraient.
À l’heure de la sieste, la cloche hurlait. En rang par deux, les démons marchaient vers le dortoir en bâillant. Le dortoir était une gigantesque pièce pavée de matelas. Je me couchais entre deux matelas et ne dormais pas : j’avais trop peur de voir ces enfants sales poser leurs pieds sur Terragora. Je craignais d’apercevoir, entre les palmiers bleus, une grimace repoussante. Ces mômes n’avaient rien à faire dans le pays de mes songes, alors je les regardais dormir. Leurs sourires ensommeillés étaient avides de l’énergie dont ils avaient besoin pour se battre. Perdu entre les ronflements, j’attendais.
Le temps a passé, les rêves ont changé. Les enfants se sont calmés.

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