Elle n’a pas de langue dans la bouche, pas de regard dans les yeux. Elle est informe, ne respire pas, ne dit rien, n’avance pas. Il n’y a pas de trace derrière elle ; rien ne prévient son arrivée. Mollusque froid, elle n’a jamais fini de disparaître. C’est une vibration sans matière, feu sans fumée. Ce n’est rien, mais vivant. Elle béquille aux côtés de ceux qui ont perdu un proche et pensent qu’ils finiront par le rencontrer par hasard (cela ne pouvait être qu’un malentendu). Elle se cache dans les albums et près des cimetières, partout où l’esprit attend et où le corps ne lui est d’aucun secours ; elle se nourrit des souvenirs et de cette angoisse que l’on ressent devant la mort quand on ne croit pas à la mort. Les indices de sa présence sont une légère inflexion subie par les rayons qui la traversent, et un murmure que les enfants sont seuls capables de percevoir lorsque la nuit a commencé.
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