Lorsqu’en juin les trottoirs de Toulouse ont été brûlés par le soleil du jour précédent, quand la nuit wisigothique y a collé sa face noire et froide comme de l’eau, cela libère, entre six et huit heures du matin, un parfum qui est celui de mon enfance. Je savais alors que l’école fermerait bientôt et que je partirais dans les Corbières m’égratigner les genoux avec mes cousins, chercher le trésor oublié de Pépita, la veuve du croquemort, nous baigner dans un trou d’eau dont nous étions les seuls à connaître l’existence, escalader Montahut et le Col du Poteau, guetter les sangliers à la tombée de la nuit, nous gaver de biscuits au vin, de dents de loup, de figues et de glaces à la menthe au lait, tailler des cannes dans des noisetiers, grimper sur les branches des chênes verts et des micocouliers, et jouer aux cartes, les jours de pluie, éclairés par le vacillement amical et sec d’une lampe à pétrole.
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