Au commencement

Il se trompe celui qui a cru qu’au début il n’y avait que du silence,
Car celui-là n’a pas compris ce que c’était que le silence et parce qu’il ne sait pas non plus ce que c’était que le début ;
Il se trompe, celui qui a cru qu’au début il n’y avait que le silence, il se trompe à propos du début et du silence,
Car au début il y avait tous les bruits et c’était l’harmonie parfaite ;
Au début il y avait tous les bruits et tous les silences et c’était l’harmonie parfaite.
Ensuite l’univers s’est déroulé en pelote de laine jetée par temps de pluie à travers un buisson,
L’harmonie absolue s’est dispersée dans des millions d’harmonies qui étaient les pièces absolument parcellaires d’un puzzle absolu,
Des indices,
La vibration totale diluée comme un claquement de mains devient plusieurs échos et les échos de ces échos sur le flanc égratigné des montagnes et les joues fraîches des forêts :
Des indices.
Alors le silence est né, en même temps la musique,
Et ensuite est venue la suite et la suite voulait retrouver le début ;
Elle le pouvait et elle le peut,
Car la suite veut le début et le début veut la suite et l’harmonie veut l’harmonie parfaite.
Ainsi, au début, il n’y avait rien, que l’harmonie parfaite du Verbe, il n’y avait pas du silence mais la musicale possibilité du silence et d’autre chose que le silence,
Et c’était l’harmonie parfaite, la musique totale, l’harmonie complète et la musique parfaite,
Et le temps est venu,
le temps qui commence mais qui ne finit pas tant que le temps commence et qu’il ne finit pas,
le temps qui est à la fois ce qui permet la musique et ce qui empêche la musique d’être la musique totale,
le temps que la musique utilise et que la musique combat, et qui la sépare d’elle-même tout en la rendant possible,
le temps né d’une explosion
(Car c’est une explosion qui a fait le temps qui  n’a depuis plus cessé d’exploser,
Parce que le temps est un écho et parce que l’avenir sera la trace de cet écho qui est la trace de cette explosion qui est venue lorsque le temps n’avait pas encore explosé),
Ce temps-là qui est tous les temps et les siècles des siècles est venu,
Et c’est de son explosion que viennent les explosions, de son effondrement les effondrements, d’un commencement éternel qu’est venu ce qui à la fin est sans fin et qui n’est pas l’infini mais l’éternité,
C’est de cette explosion, de cet effondrement, de ce commencement que les musiques sont nées,
Et déjà ce n’était plus la musique totale, déjà ce n’était plus la musique absolue,
C’était divin mais c’était partiel, une divinité, ce n’était plus la divinité,
Il y a eu plusieurs dieux et ils se disputaient,
Plusieurs musiques s’éloignant de l’origine à la vitesse de la lumière,
Spectres de la musique originale,
Comme la lumière est un spectre de la lumière totale,
Des fractales et des fractions de fractales qui s’éloignaient de l’origine et dont l’origine s’éloignait du Nombre lui-même écarté du Verbe.
Il n’y avait plus de musique absolue que derrière, loin, et devant, loin, le combat était en son milieu,
Et pourtant il n’y avait pas encore les hommes, ni les planètes, il n’y avait pas l’homme ni le Fils de l’homme,
Seulement des fractions de lumière et des fractions de musique,
Du temps sous différentes formes,
Liquide, brûlant, gazeux,
Des divisions de temps,
Puis il y a eu la matière, l’espace,
Il y a eu la matière et l’espace,
D’autres divisions, des indices et les échos de ces indices,
Et alors la musique et la lumière à nouveau ont changé,
Elles se sont éloignées de la musique totale qui était la lumière totale, de la lumière complète qui était la musique complète, l’harmonie absolue,
Tout l’univers dans la capsule concentré en un point qui était tous les points et qui était Dieu lui-même et la musique elle-même et la lumière elle-même,
Ou sinon la possibilité de tout cela,
De tout cela la possibilité,
La possibilité du Verbe et du Nombre unifiants et unifiés par le Principe du Verbe et du Nombre primants et premiers,
Le monde déjà, l’univers, et les hommes, et ce moment et toi et moi dont tu ne peux rien dire sinon que j’ai été et que je n’ai rien dit.

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Guillaume Sire
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1 Response to Au commencement

  1. Bertrand Guitard says:

    Et si le Nombre s’était fait Chair, Guillaume…..Imagine!

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