Lecture de la quatrième églogue des Bucoliques, écrite une cinquantaine d’années avant “notre ère”… Je m’arrête aux vers 4-10.
Ultima Cumaei venit jam carminis aetas ;
Magnus ab integro saeclorum nascitur ord.
Jam redit et Virgo,redeunt Saturnia regna ;
Jam nova progenis caelo demittitur alto.
Tu modo nascenti puero, quo ferrea primum
Desinet ac toto surget gens aurea mundo,
Casta, fave, Lucina : tuus jam regnat Apollo.
Traduction (Paul Valéry) :
Voici finir le temps marqué par la Sibylle.
Un âge tout nouveau, un grand âge va naître ;
La Vierge nous revient, et les lois de Saturne,
Et le ciel nous envoie une race nouvelle.
Bénis, chaste Lucine, un enfant près de naître
Qui doit l’âge de fer changer en âge d’or ;
Ton Apollon déjà règne à présent sur nous.
Virgile était-il chrétien ???
Je me renseigne… Chance : Philippe Heuzé, texte pour La Pléiade. J’apprends que Tertullien était à fond, Saint Augustin mitigé, Dante aucun doute. D’autres étudièrent la question : Jean Scot Erigène, Abélard, Salisbury. L’empereur Constantin y a cru, Rome a changé de bord ! La poésie peut voir, prévoir, elle suscite, elle est performative, révélatrice, presciente. Virgile était un mage, magicien, et, je le découvre ce soir, prophète : chrétien avant le Christ, au courant qu’un enfant viendrait, l’enfant, cet enfant.