A l’inverse d’Adam, d’Œdipe et de Prométhée, le Dieu né dans une mangeoire n’est pas coupable. Comme eux pourtant, il est puni. Mais le Dieu né dans une mangeoire ne mérite pas ce que le destin lui a fait (première invention du christianisme) et pardonne à ceux qui lui ont servi d’instruments (seconde invention). Il pardonne à Adam d’avoir voulu savoir, à Œdipe de n’avoir pas su et à Prométhée d’avoir voulu que nous sachions. Dernier bouc‑émissaire, kénosis, dieu féminin, le Dieu né dans une mangeoire a enrayé le progrès. Après lui, aucun acte violent ne sera justifié.
Hélas, les hommes adorent l’idole païenne de la guerre et les reflets d’eux-mêmes sur ses flancs dorés. Ils en tirent une gloire achilléenne qu’ils nomment « immortalité ». Ou bien ils se vengent. L’envie les dévore. Les infamies ont perduré sans l’excuse du meurtre expiatoire.