Prendre la mesure de ce que nous avons perdu à partir du jour où les dépenses publiques n’ont plus été consacrées à édifier des cathédrales pour les prières du peuple, mais des châteaux pour le confort des rois et la satisfaction de leurs partouzeurs.
— Sire, vous n’y pensez pas, des millions pour vous seul !
— Que je sache, ce ne sera pas la première fois qu’on construira un grand château.
— Les châteaux de vos pères servaient à protéger le peuple, les récoltes, et vos pères étaient au service, mon roi, de Dieu et du peuple. Quel service rendrez-vous ?
— Au diable la peur, maintenant que j’ai assez fait la guerre pour que tout le monde en ait peur, je ferai remplacer les meurtrières par de larges fenêtres, il y aura deux salles de réception, des forêts taillées pour la chasse, trois cuisines, deux escaliers majestueux entortillés ensemble, une chambre pour la reine, des chambres pour mes maîtresses, et des passages secrets de la mienne aux leurs. Je veux dix, vingt châteaux comme ça ! En changer quand il me plaira !
— Mais Sire, vous ne pouvez pas dépenser l’argent de ces guerres qui ont tué et de ces impôts qui affament pour votre seul confort.
— Et celui de ma cour, dois-je vous le rappeler ?
— De vos putains.
— Je suis humaniste, taisez-vous. Longue vie à Descartes !
— Mais Dieu…
— Humaniste je vous ai dit. Dans mes châteaux sachez qu’il y aura des cuvettes en or au lieu des chaises percées.