Alors même que nous faiblissons quand vient l’automne et que nous ressentons quelque mélancolie, comme une lettre d’amour sur du parchemin jaune et trempé dans la Seine, les migraines inoffensives mais épuisantes, la frénésie du thé et des biscuits rassurants, une sensibilité à fleur des yeux et au bout des doigts, tellement que le vent devient solide — et qu’à l’arrivée du printemps la place est cédée à la nécessité d’un engagement total et totalement inutile, l’ivresse d’un bouquet de drapeaux et des cris d’amour ponctuant les montées de sève chez de jeunes gens qui le sont pour toujours — comment pouvons nous encore douter du fait qu’il y ait dans l’homme une part végétale : un ancêtre commun avec l’érable, la coloquinte, le tilleul, l’amandier, le cerisier et les haricots ? Comment ne pas comprendre qu’un élément en nous — lié à l’enfance, au thymos, à la volonté et, surtout, aux sonorités intimes — perd ses feuilles en octobre et fleurit en avril ?
**********************
- Essais (13)
- Fictions (56)
- Fragments (188)
- Les autres (63)
- Notes (136)
- Nouvelles (1)
- Pensées (188)
- Plaisanteries (78)
- Poésie (97)
- Psaumes (18)
- Romans (7)
- Toulouse (28)
- Variations (80)