Vue depuis le carrefour du hideux Monument aux Morts (sculpté si ma mémoire est bonne par Léon Jaussely, on aura raison de mémoriser le nom de pareils criminels), la rue de Metz ouvre une gueule de dieu romain, un serpent sans les yeux, aux flancs plantés d’écailles rougeoyantes et surmontés de chiens bleu roi. Vue depuis le Pont Neuf, une terrasse sale. Surtout, il y a ce coude, entre la place Esquirol et la rue de la Bourse, à l’endroit exact où la rue de Metz croise l’axe formé par la rue des Filatiers et la Rue Saint Rome. Ce coude n’est pas normal. Jamais les Romains qui ont voulu cette ville autour de ce trivium, n’auraient accepté un tel infléchissement. De là à conclure que la ville a bougé… Y a-t-il une variation tectonique ? Cela expliquerait le nombre de poètes d’un côté de la ville et la kyrielle de banquiers et de marchands de l’autre. Le point central a été travaillé, tiré par la basilique Saint Sernin. La rue de Metz s’est arquée, convexe, autour d’un nom, d’une date, qu’est-ce que j’en sais. Un jour ou l’autre la tension se résoudra, et la rue, dans un mouvement assassin, retrouvera le membre qui lui manque. Les dieux romains n’aiment pas plier l’échine.
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