L’écriture est singulière parce qu’elle est retenue sans être tenue. Elle est précisée mais pas au point d’être précise ; et du coup ce n’est pas froid, rien n’est froid, malgré cette espèce de distance maintenue par le narrateur entre sujet et objet, c’est-à-dire entre son âme et celle de Marie. L’image finale du narrateur quand il se promène au milieu des tableaux en tenant le flacon d’acide “comme une bougie” représente parfaitement cette distance entre le sujet et l’objet, cette distance qui couvre la lave brasillante d’un lavis de glace avec ses bulles d’air, avec ses diffractions, avec son épaisseur. Et puis il y a le cosmos, les lumières au loin, le vertige pascalien, la sphère dont les contours sont partout et le centre nulle part…
Et puis bien sûr il y a cette fleur qui s’éteint comme une flamme sous la larme d’acide, qui est la fleur mallarméenne, “l’absente de tous bouquets“.
Tout est symbole et psychologie, mais rien n’est discours, rien n’est psychologique.
Cela m’a fait penser aussi à certains tableaux de Paul Klee lorsque sa main hésite, tentée par l’abstraction, et qu’il est à deux doigts de Kandinsky, puis finalement la figure s’impose. Sa phrase a une race. Elle a des racines.
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