Besoin d’argile

J’ai vu les mains quand j’ai vu ce que les mains ont fait. J’ai vu les pieds en voyant les traces qu’ils y avaient laissées. J’ai entendu leur silence parce que le silence n’a jamais changé.

J’ai eu le privilège d’entrer dans la Grotte des Trois Frères. J’ai marché parmi des crânes ayant appartenu à des ours plus grands que des éléphants, leurs canines comme des poignards orientaux. J’ai rampé dans la boue jusqu’à la chapelle des deux fauves accouplés.

Les Bisons furent accouchés par des hommes qui priaient en déchirant leurs ventres sur des parois sans fleurs.
Les sculpteurs ont délogé les idoles du lieu où elles se trouvaient, — flammes vivantes dans la pierre !

Les Bisons sont comme ils ont toujours été. Lorsque l’univers n’existait pas, ils étaient là déjà et ils attendaient.
Les Bisons m’attendaient (j’avais besoin d’argile).

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Guillaume Sire
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