Sans René Girard

Il n’est plus là. Il n’y a plus son visage de gargouille gentille, son profil de paysan, ses mains froissées, ses épaules larges, sa stature de statue, sa voix d’étudiant étonné, lecteur sincère, son sourire tendre, intelligent, ses yeux antiques. Le maître n’est plus là. Il est passé, il a passé. Il n’est plus là.

Le désir, lui, reste. Le désir demeure. Je ne veux pas avoir, mais être celui qui a. Triangulation mimétique… La violence progresse. Le sacrifice ne peut plus l’enrayer. Le Christ a dévoilé la combine,
Girard a dévoilé le dévoilement.

En France, aveuglé par le structuralisme, la déconstruction, les mythologies de Barthes, la sociologie de Bourdieu, le gauchisme effréné, le symbolisme couillon, le relativisme maladif, l’horizontalisation de tout, la négation, le nietzschéisme, le nivellement, le style, la putasserie conceptuelle, Sartre puis Houellebecq, les sciences de la communication, le théâtre de l’absurde, les lacaniens, les gender studies, les jeux de mots de la rue d’Ulm, bien sûr, nous ne l’avons pas écouté. Nous n’avons pas voulu l’écouter. Alors il est parti aux Etats-Unis. Heureusement, il envoyait des nouvelles. Et ses livres sont encore là, sa pensée brûle ; elle brûlera. Il nous faut briser la chaîne, résister à la tentation sacrificielle, renoncer à la rivalité, car grâce à Girard, “à cause de lui” diront certains, nous n’avons plus le bénéfice des : “Ils ne savent pas ce qu’ils font”. Nous savons. Il nous l’a dit, répété, il l’a écrit partout. Je ne l’oublierai pas. Français, nous avons perdu le meilleur d’entre nous !

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Guillaume Sire
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