A la Renaissance, on troqua le cosmos grec pour un espace indéfini. Alors même qu’on l’expliquait de mieux en mieux et qu’il devenait ainsi de plus en plus évident que seul un dieu pouvait comprendre le cosmos dans sa totalité, les hommes, qui auraient dû être encouragés à l’humilité, préférèrent décréter qu’il n’existait aucun cosmos. Autrement dit, l’être humain fit de son impuissance à expliquer totalement un système total la preuve qu’il n’existait aucun système de ce genre. Ce péché d’orgueil donna naissance à la “modernité”. Les scientifiques ne s’intéressèrent plus à l’essentiel, relevant selon eux d’une spéculation purement poétique, et la plupart d’entre eux allèrent jusqu’à nier l’idée même d’essence puis à nier, logiquement, l’idée de dieu. Le point de vue scientifique devint différent du point de vue philosophique — divorce qui fut sans aucun doute un des pires, sinon le pire, événements de l’Histoire d’Occident. Chaque explication conduisait à de nouveaux problèmes, et les auteurs de ces explications, qui auraient pourtant dû être pris de vertige devant cette ignorance qu’ils avaient fait profession de dévoiler, devinrent de plus en plus orgueilleux (et, donc, de plus en plus dangereux) à mesure que leur “puissance” prenait possession d’un univers déserté par la conscience de leurs prédécesseurs.
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