Qu’est-ce qui fait qu’un livre est un livre ? La couverture et son glacis ? Non, ou bien les cahiers seraient des livres. Le glucose, un parfum de yaourt ouvert depuis la veille et d’ouate lyophilisée, sa colle, ses agrafes, le froufrou d’éventail, la manœuvrabilité ? Toujours non, sinon les rouleaux de papier-peint déposé seraient des livres. La désignation de son auteur, sa vie privée, ses titres ? Jusqu’à preuve du contraire, la littérature n’est pas une affaire de curriculum (l’existentialisme est un art forain). Les lettres ventrues ou arides, le slogan de sa quatrième, les mots de ses muqueuses intérieures, sa folle âme, son fou refrain ? Rien de cela, ou bien n’importe quel texte écrit par n’importe quelle putain et financé par n’importe quel maquereau serait un livre. Les rapports des cabinets ministériels…
Un livre est un livre s’il est inquiétant et nécessaire. Or qu’est-ce qui dans ce monde est inquiétant et nécessaire ? Rien, peu de choses, à part les livres.