Chaque livre a une adresse, une seule, un nombril, même les récits dont l’action se déroule sur le rivage d’un pays imaginaire, ou bien à plusieurs endroits à la fois ou successivement, et ceux dont les villes, les rues, les plages ne sont pas nommées. L’imagination a une boîte aux lettres, l’anonymat pignon sur rue. Ce peut être un train ou une barque de naufragés, mais il y a une ancre, un ancrage, une géographie, un endroit où le train est échoué, un lieu où la barque est arrêtée. Les incendies ont des foyers. On écrit toujours depuis quelque part. L’écrivain est moins d’une époque (les grands écrivains sont de toutes les époques) que d’un lieu, une rue, une façade, des volets. Ceci noté, il s’agit également de comprendre que de même que la véritable adresse d’un roman dont l’action se déroule à New-York peut se situer dans le Doubs, de même un roman écrit dans le Doubs peut avoir ses fondations en haut d’un gratte-ciel à Tokyo. Le lieu où l’action se déroule et le lieu où l’écrivain a travaillé ou grandi ne sont pas nécessairement l’adresse du poème, du roman, du récit, des stances, d’une nouvelle, etc. Mais chacun d’eux a une adresse. Ils sont localisés. L’écrivain fixe des mots à des rochers.
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