Le bonheur est à la pêche ce que les poissons sont à la justice, cela n’a rien à voir…
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Je viens, tantôt, alors qu’après trois semaines continues de froidures, de ciels de plomb et souvent de brouillards épais (la fameuse “inversion thermique” des plaines bordant les chaînes de montagne), un soleil léger baigne les sombres sapins de la montagne de Berzet, d’avoir cette brève illumination : un phénomène mimétique authentique est d’abord, et avant tout, un phénomène d’amnésie. L’individu pris dans les tenailles du mimétique est un individu sans mémoire (qui ne se rappelle même pas qu’il pensait tout juste l’inverse de ce qu’il pense – et avec quelle ardeur – aujourd’hui trois jours, six mois, dix-huit ans avant). La contagion et l’épidémie mimétiques sont avant tout des maladies du présent, de l’enfermement dans le présent (le présent des paroles). Au moment où l’on porte le bouc-émissaire sur son autel, toute temporalité passée est abolie (parce le futur, naturellement, on s’en fiche), tout souvenir a quitté l’esprit de ceux qui opèrent le sacrifice ; tout est reclus sur l’instant. Le mimétique n’a pas d’inconscient, Girard a dû dire cela, j’imagine, vu le contexte d’époque dans lequel il a écrit ses livres. A-t-il écrit quelque part que le mimétique n’avait pas, avant toute chose (et c’est beaucoup plus important), de mémoire ? (Cela est un constat affreux sur notre pauvre espèce, mais plus on vieillit – vingt-six ans dans un mois… – plus on fait de constats affreux.)
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