La lâcheté

Le lâche est en permanence en train de se satisfaire lui-même quand il prétend satisfaire dieu ou les autres, et de satisfaire le diable quand il se satisfait lui-même. Il amasse ce faisant un petit capital sympathique : il se persuade d’être quelqu’un de bien, d’ailleurs les gens en général l’aiment bien, il plaît, il assure, il est poli. Pourtant qui l’observe suffisamment s’apercevra qu’il se dérègle vite, il grimpe dans les tours, il crie, il pleure. Par exemple, le lâche est très gentil avec ses enfants, mais en réalité il est trop gentil, et c’est à lui qu’il pense davantage qu’à eux en étant si gentil, il fait l’enfant pour leur plaire, et puis quand l’un d’eux dépasse les bornes (et c’est dans la nature des enfants de dépasser les bornes) le lâche le gronde (si c’est son enfant c’est normal qu’il le gronde) mais aussitôt il s’en veut de l’avoir grondé, car cela menace son petit capital sympathique, et il en veut à l’enfant parce qu’à cause de lui il s’en veut, alors il s’énerve encore plus, et il se met à hurler sur l’enfant, sans jamais lui dire la vérité : “je te hais un peu car à cause de toi je vais un peu moins m’aimer”. Autre exemple : le lâche va à la messe, il s’agenouille, il prie, il prétend croire, tant que cela le conforte dans l’idée que la messe lui donne de lui-même, mais si tout à coup on lui demande de visiter des pécheurs, des malades, des mendiants ingrats, ou bien des collègues pour leur parler de Jésus, ou bien si on lui suggère de désobéir à des athées qui veulent lui mettre un bâillon FFP2 sur la bouche, le lâche prétendra que l’église n’est pas dans son rôle, que le catholicisme est trop “rigide” ; il pourra devenir extrêmement anticlérical et vindicatif, et se donner des airs héroïques, faisant croire à sa femme qu’il est courageux dans sa croisade contre l’Eglise, alors qu’il ne cherchera qu’à protéger son petit capital sympathique, et à mieux asseoir le diable sur le trône de sa lâcheté.

Le lâche c’est le toujours-tiède : approchez le d’une source de chaleur, il se cabrera pour se maintenir à bonne distance, tandis que si vous l’en éloignez il ruera. Il est capable d’être extrêmement violent. Je pense même que le toujours-tiède est le plus violent de tous les êtres.

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Guillaume Sire
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