Présence

J’ai posé ma main à quelques centimètres au-dessus des grains d’orge, au fond de l’écurie, dans l’administration des ombres,
Je l’ai posée comme un enfant un mot sur les volets, la nuit, quand ils craquent,
Un mot terrible, un vrai mot d’enfant, une peur impossible,
Et je te promets mon amour que mon ancien amour était là : son ancienne croix jaune levée dans les ténèbres comme au four la pâte depuis que l’œuvre hésite à exploser.
C’était notre génie, celui des planches de fer, des oeufs d’épervier et, après quinze heures, de nos ruades immenses dans les jardins penchés,
Quand les autres dormaient et que régnaient dans la maison un silence de pierre et cette odeur, l’odeur étourdissante du café, dont j’ai toujours pensé qu’elle était, avec les albums-photo et les voitures anglaises, le dernier degré de la civilité.

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Guillaume Sire
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1 Response to Présence

  1. C’est toujours merveilleux de vous lire.

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