Le réveil ce matin n’a pas sonné. Il n’était pas en panne pourtant, au contraire. Il a découvert la liberté. Les heures, les minutes et les secondes lui ont tout de suite paru de stériles inventions. Et tout de suite, il a regardé les étoiles, leur clarté grave, leur ronde cosmologique, leur instinct surnaturel, leur régularité, et, comme on dit, leur « sens de la justice ». Et tout de suite après, le feu impréhensible du soleil.
Mon réveil ce matin, monsieur le professeur, n’a pas sonné, non pas parce qu’il dysfonctionnait mais, au contraire, parce qu’il s’était mis à penser. Vous pouvez rire, monsieur le professeur, et de toute façon vous me punirez, vous pouvez rire mes camarades, et de toute façon vous ricanerez, mais j’aurai eu le courage au moins de vous avouer la vérité : si mon réveil n’a pas sonné ce matin, et s’il ne sonnera pas demain non plus, c’est parce qu’il croit en Dieu désormais.