Maître et possesseur

Les fonctions animales sont au fond du café à sept heures près des abattoirs industriels : le trait de cocaïne de l’équarrisseur,
Je ne sais pas le dire autrement. Elles sont là. Ce sont elles. La bête se mouche. Son fumet est royal.
Il faudra boire encore un whisky de supermarché, et vomir pour sentir dans la peau l’hypothèse de la grâce, la certitude d’un vice civilisé.
Le paganisme n’est pas un tam-tam sous les étoiles glacées du Capricorne. C’est l’interligne des Droits de l’Homme. C’est la deuxième lecture du Code Civil. Ce sont les licences IV affichées sous les tonnelles de mon adolescence comme un appel du 18 juin.
Le sacrifice quant à lui n’est pas sous la lame, à l’autel, mais sous l’âme, à l’hôtel, et le sang sur le menton de la Pythie a l’apparence du sucre — et le linceul est un préservatif !
Quant aux temples, ils ne sont pas dans le marbre constellé de Sicile ou sous les océans lactés de l’Atlantide,
Mais dans les ports, et plus exactement dans la vapeur d’urine quand la neige grise est aux rambardes des bateaux, ou bien au Mexique, ou bien chez Héraclite. Le temple cette fois, celui qu’il faudra reconstruire en trois jours, est dans la peau morte du Temps domestiqué. Il est dans les chants militaires, les agences, les marécages freudiens, dans les médicaments des éditions de poche, et, peut-être, dans ce craquement du point du jour quand la sirène des ouvriers, celle qui prévient les accidents, est en panne.
Les fonctions animales reviennent, croyez-moi ; elles reviennent, elles sortent de leurs tanières qui n’étaient pas comme on pensait au fond des galaxies du Neandertal ou chez les troglodytes, à Pergame — qui n’étaient même pas dans le Coran ou dans le Capital! —
Mais sur la Côte d’Azur, dans la crème, dans les congés payés, sur Netflix, dans le porno quand l’homme sans visage humilie sous son nacre une femelle aux ailes d’ange, dans les néons violets, dans le taux directeur. Baudelaire je crois l’a écrit quelque part. La nuit de l’Homme est éduquée.

About Guillaume Sire

Guillaume Sire
This entry was posted in Pensées, Poésie. Bookmark the permalink.

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s