Parfois la poésie me blesse à un endroit de l’âme qui n’est pas tout à fait à moi. Ulysse, par exemple, Benjamin Fondane : l’aiguillon, sous ma chair, d’autre chose que l’âme, ou bien d’une âme plus consistante que la mienne, réfugiée dans la fonction artérielle en attendant la révélation des âges. J’ai peur, bêtement. J’attends de prendre l’apparence de ma peur. Mais quelqu’un d’autre, à l’intérieur, un jeune athée, s’en va à la rencontre du dragon logique. Mon sang, peut-être, n’est pas à moi. Les battements de mon cœur ne sont pas de mon fait. L’existence m’a été prêtée. Jamais la philosophie ne m’a enseigné ce que chaque poème, même les mauvais — il n’y a pas de mauvais poèmes — chaque vers, et chaque mot, parfois une voyelle, me prouve ; et davantage encore le besoin de poésie, cet appel du fer dans le langage, cette hermine secouée dans les Ténèbres, hein… « L’existence t’a été prêtée. »
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