Plongé dans un des quatre tomes du manuel d’anatomie écrit par mon oncle chez Flammarion, j’atterris : “noyau salivaire inférieur (parasympathique)”. Je décolle, je poursuis : “hypoglosse”. Les planètes tournoient. L’univers est une spirale. Le corps est un répertoire. L’os hyoïde : l’oshyoïde, je pense à un monstre, avec des dents, des écailles, un amphibien hystérique haut comme un petit immeuble. L’anatomie est moins une mécanique qu’une mythologie. Quel rôle joue le nerf glosso-pharyngien au juste, dans le complexe de Peter Pan ? Comment est celui de mon fils ? Je m’amuse à me “retirer en moi-même”, comme disent les auteurs de psychologie positive. Je cherche les vieilles clopes, et les anciennes idées, les combats perdus. Que reste-t-il de cette époque où je révérais Rousseau ? La fissure orbitaire a-t-elle une fonction métaphysique ? Je m’amuse ; parfois je panique. Pourquoi le corps fonctionne-t-il ? A quel principe est-il moulé ? Que dirait le récessus piriforme — à quel monde secret nous donnerait-il accès — si seulement il savait parler ?
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