Séféris

Séféris écrit depuis “quelque part”. Le langage chez lui observe le langage : le premier est calme, il constate, il voit, il regrette ; le second, pris à la vague, aspire, tâtonne, court. Le vers se déploie en deux temps. Toujours l’action est doublée ; toujours elle se révèle, et, révélée, n’entre pas dans le piège du commentaire, tout en déjouant, par avance, les plans de ceux qui voudraient l’y faire entrer. Séféris nous donne les clefs avec le château, mais ne nous fera pas l’affront de marquer, au feutre, l’évacuation des eaux, comme font certains ouvriers qui, l’ouvrage à peine achevé, prévoient déjà de réparer, et marquent avant de partir l’endroit où il faudra percer pour voir, sonder, refaire. Le travail de Séféris ne se voit pas. Pas une goutte de sueur sur le front du maçon. C’est d’un très vieil homme, un très ancien ouvrage, à peine blanchi par le soleil de Santorin.

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Guillaume Sire
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