Antoine Gamard n’est pas de ces créateurs dont les créations ont besoin d’explications au point d’en devenir les créatures. Ceci, donc, n’est pas un de ces vernis parasites qui respirent et parlent à la place de ce qu’ils prétendent protéger. Disons que c’est une variation personnelle et un hommage discret, comme les chansons des enfants qui, à l’arrière du cortège, invisibles, serrent entre leurs poings le voile de la mariée.
Toute tentative artistique commence par le crime de la subjectivité. Rien ne peut naître où rien n’est mort. L’artiste s’en prend au réel, il ouvre la gorge du serpent logique. C’est à ce prix que la subjectivation a lieu, le crime est nécessaire. La nuit ne tombe pas si elle a peur du feu.
Ce dépassement, où le conduira-t-il, vers quelle clairière et à quel renoncement — quelle possibilité divine ?
Un artiste, par essence, est un conservateur. Il conserve le Beau. C’est le gardien de la Beauté. Ce n’est pas son amant, encore moins son maître, mais son serviteur, les yeux baissés, entièrement et volontairement soumis, ployé, à genoux devant la Beauté.
Ce qui est Beau est vrai. L’artiste, donc, est un chercheur : il peint la Vérité.
Une nouvelle cohérence viendra, qui ne sera pas une cause mais un effet. Elle jaillira, comme une réponse à une question que l’artiste ne sera pas certain d’avoir posée.
Antoine Gamard est parvenu à ce jaillissement, j’expliquerai pourquoi et comment.
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La vengeance du signifié — Antoine Gamard (Texte intégral avec illustrations, .pdf)