Lecture : W. Ostwald, “La déroute de l’atomisme contemporain”, Revue générale des sciences pures et appliquées, 1895, 6ème année, n°21, p. 953-958.
La théorie mécanique repose sur des présupposés erronés, trop rapides, insoutenables. Elle est insuffisante, parce qu’elle repose sur l’idée de matière, qui est une extension de l’idée de la masse, à laquelle Galilée, gêné par les trous évidents de son fromage théorique, ajouta la notion de force. Autre axiome extrêmement gênant : l’idée de conservation de la matière. “Tout ce que nous pouvons connaître d’une substance définie, ce sont ses propriétés ; n’est-ce donc pas un non-sens, ou peu s’en faut, de prétendre qu’une substance définie existe encore, sans plus posséder aucune de ses propriétés ?” Les atomes, donc, selon Ostwald, résultent d’un raccourci faux, dangereux (comme tout ce qui est faux) et très représentatif des travers de la science physique : fixer pour de bon une notion tout à fait arbitraire et construire l’ensemble du raisonnement depuis elle. L’auteur propose de remplacer l’idée de matière par l’idée d’énergie, dans laquelle sera compris tout ce qui est dit et su à propos de la matière : la masse (capacité pour l’énergie cinétique), l’impénétrabilité (énergie de volume), le poids (énergie de position), les propriétés chimiques (énergie chimique). Il fait ensuite l’hypothèse que les différentes formes d’énergie obéissent, elles, à la loi de conservation. Finalement, Ostwald prévient humblement: la théorie de l’énergie est plus réaliste que la théorie mécanique, cependant elle n’est pas totale, elle ne peut prétendre expliquer les phénomènes toujours et partout.
Questions au hasard : l’étant est-il un mouvement vers l’état d’être ? L’esprit traverse-t-il le corps (cette traversée, alors, s’appellerait “vie”) ? Qu’est-ce qui subsiste, insiste, existe ? Est-ce la même chose ? Quelle énergie dans le tombeau ? Qu’est-ce qui est conservé exactement ? Où ? Quand ? Le temps est-il énergétique ? L’espace est-il un cas particulier du temps ?