L’humanisme a voulu s’émanciper de l’Être, le transhumanisme voudrait s’affranchir de l’étant.
Les transhumanistes détestent la conservation, pourtant ils prônent l’autoconservation.
Il faut avoir abaissé l’homme au niveau des choses (c’est-à-dire à un niveau où il n’est plus responsable de rien) pour le rendre compatible avec d’autres choses, et interchangeable, et remplaçable, transformé en marchandise. Sans le Bien, l’homme est un bien.
Ce qui vaut pour la barque de Thésée ne vaut pas pour Thésée, Égée le savait.
Maintenant que nous ne croyons plus pouvoir rejoindre la vie éternelle, nous voulons éloigner la mort infiniment.
Jamais une époque n’a autant détesté la vie (ennui, dépression, surmenage, divertissement, haine, suicides) que celle-là qui, nous dit-on, s’apprête à la rendre interminable.
Nieztche en évoquant les derniers hommes aurait dû préciser qu’ils pisseraient de l’huile de moteur (et ils clignent de l’oeil !).
La vie est mystérieuse (cf. le brin d’herbe de Kant). Les mathématiques sont mystérieuses (cf. la racine de 2). Ne pas croire au mystère, c’est croire en Rien, et vénérer Rien. Depuis qu’il a été élevé au rang de Dieu, Rien n’a eu de cesse de commander que la vie fût amputée de sa part mystérieuse, car ainsi elle sera commandée par Rien, évanouie, aplatie dans Rien. Et Rien se réalisera. Rien sera souhaitable, souhaité, mis en oeuvre. Nous aurons raison de faire Rien. Nous serons Rien. Rien donnera des enfants à nos femmes. Rien promulguera de nouvelles lois. Rien exterminera les vieux et les malades, et sur demande s’il vous plaît.
Rien fait semblant de construire, pour mieux détruire. Il fait semblant d’expliquer, pour mieux anéantir.
Les hommes grâce à des clous et une croix, croyant bien faire, tuent le Fils de l’Homme, ils tuent l’Amour, grâce à leurs appareils, ils assassinent l’Homme : “Pardonne-leur, dit Celui-ci à son Père, pardonne-leur, dit l’Amour de chacun à l’Amour de tout, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font”.