C’est l’histoire d’une pierre ramassée impatiemment. Je la mets dans ma poche, c’est ma pierre, je la tiens, je vais écourter des leçons à l’université, en chaire je casse une chaise, puis je suis en terrasse, une étudiante me regarde, et j’ai ma pierre, je tiens ma pierre dans ma poche. Je discute avec la serveuse. Elle a des parents fonctionnaires et un ex au Japon. Au loin, j’aperçois le nouveau cimetière ; un enfant là-bas a déposé un noyau d’abricot sur la tombe de sa grand-mère, un enfant déiste et apeuré, mais moi j’ai ma pierre, ma petite pierre, mon caillou. La boulangère n’a pas la monnaie, j’entends sa caisse-enregistreuse : le cliquetis des millions… et je descends la rue, avec ma pierre. Ensuite je l’ai perdue, ma pierre, je ne sais pas comment, que voulez-vous, pierre qui roule… etc., et depuis je déteste la mer, la solitude de la mer. Je la déteste parce que je la comprends.
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