On entend parfois dire que la psychanalyse est à notre époque ce que la confession était à la précédente. Une espèce de confession athée. J’ai toujours été étonné par ce genre de propos, car je les tiens pour ma part pour tout à fait dissemblables, sinon contraires. La psychanalyse se fait à deux, et plus précisément : tout seul avec un autre. Le sujet s’allonge et révèle sans regretter, ou pour cesser de regretter, ni viser spécifiquement la faute. Il cherche. il raconte. Il voudrait équilibrer. Il désigne parfois des coupables, individus ou forces, désirs, superstructures. Le confessé, lui, ne cherche rien. Il amène tout, et surtout la faute. C’est Dieu qui le cherche. Et voilà que tout à coup le confessé sort du buisson où Adam et Eve s’étaient cachés par peur. Et dit : “je suis là et hélas, Seigneur, ce n’est que moi”. C’est la faute qui le porte. Il la présente. Et il se rend présent à Celui-qui-est. Il se tient à genoux, pas allongé. Il repartira avec ses regrets. Il vient faire l’expérience la plus mystique qui soit, parce que plus que les autres celle-là exige l’abandon. Il cherche le déséquilibre, en s’ouvrant à un Dieu qui n’est pas celui de l’équilibre mais de la transcendance, c’est-à-dire du déséquilibre par le haut. La charité est un mystère. Le confessé vient se soumettre à ce mystère. Tandis que la psychanalyse est une enquête, la confession est une quête — le pécheur fait la quête — et elle se joue à trois : le prêtre, Dieu et le pécheur. Et le pécheur donne. Il promet. Il ouvre, face à Dieu, et personne n’est dans son dos. Aucune main qui le pousse en lui disant “avance tant pis”, mais une main qui le tirera bientôt par le haut en disant : “je t’aime aussi”.
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