Le Lac de Laragou

C’est dans les mamelons de l’effort la riche idée d’une phrase,
C’est au champ de colza — ses paillettes, sa crème — étendu comme un arc : géométrie de glace,
La longue après-midi d’un faune sous les bandes blanches du parking : le reflet sans courant, les poissons sur le ventre, face en-dessous, un soldat suicidé ;
On se souvient, l’autre matin, des scouts…
Les pêcheurs parlent avec eux-mêmes. Le plus vieux passe son pouce sur un briquet d’amadou.
J’ai retrouvé les filles du printemps dernier. Leurs rires gentils, leur patience et ce calme, hein, leur calme invraisemblable,
Mépris elfique, hanches de rocher… Un peu plus vieilles. Moins désolées.
Je parie qu’en donnant à l’une d’elles un peu de sperme et d’encre elle se transformera en reine, et s’étranglera cet automne devant une page web, exactement comme celle du printemps dernier.
On n’imagine pas ce qu’un poète, pour vivre, doit extorquer aux fées.

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Guillaume Sire
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