“Quand on aime, on ne compte pas, ni n’exige”. Voilà ce qui arrive à ceux qui comptent et exigent.
Le jeune est tenté d’exiger. Le vieux a tendance à compter. Ces deux chemins, contraires à la charité, éloignent de la vérité. L’amour est perverti par l’ingratitude (chez le jeune, et plus généralement chez ceux qui exigent) et par l’idée d’ingratitude (chez le vieux, et chez tous ceux qui comptent).
Le Roi Lear : addenda à la parabole du fils prodigue… Ici le père (Lear, Gloucester) dilapide l’héritage en le confiant à ceux qui ne le méritent pas après avoir éloigné l’enfant qui le méritait ; mais l’enfant (Cordélia, Edgar) lui tend les bras, et lui a déjà pardonné, quand il a tout perdu, y compris la raison (Lear) et la vue (Gloucester), et quand ceux qui juraient hier de l’aimer l’accusent et essayent de le tuer.
Ainsi la parabole est traduite et, presque, complétée. D’ailleurs, Lear loge avec des porcs (acte IV, s.7).
Sainteté de Cordélia : “Quiconque le guérit peut prendre tous mes biens.” (Acte IV, scène 4) Et plus loin: “No cause, no cause.”
Sainteté d’Edgar : “Asseyez-vous, père ; reposez vous.” (Acte IV, scène 6).
Les remords et l’impuissance d’Albany finissent par le rendre sage (tandis que c’est l’amour qui rend Cordélia et Edgar sages) : “Wisdom and goodness to the vile seem vile”. Ce sont ces mêmes remords et cette impuissance qui rendaient sage le bon larron sur la croix.
Le Roi Lear devrait tenir lieu en ces temps de folie de manifeste contre l’euthanasie, qui est un crime.
Kent : “Voir ses mérites reconnus, c’est déjà être trop payé.” (Matthieu 6,1-6.16-18)