Je rêve d’un monde où 1/ la fausse littérature n’existerait pas 2/ la vraie littérature ne susciterait pas d’admiration pour l’auteur, ou en tout cas pas davantage que celle qu’attire à lui un maçon ayant bien fait son travail. On parlerait de Joyce facilement, pour dire j’aime ou j’aime pas, j’y ai trouvé quelque chose, mais on en parlerait sans tout le paquet, l’esbroufe, le bableuisme débile, hérité de je ne sais quel papillonnement en classe de français. On en parlerait sans frime ni honte. Et tout le monde, et n’importe qui en parlerait. Hélas dans l’univers des salons du livre, des prix littéraires, des universitaires qui posent devant leurs bibliothèques bien fournies, des préfaciers, des hommages, des rééditions, des résidences d’écriture, des revues, des libraires qui clignent de l’œil et des « bookstagrameurs », je me sens comme un maçon au milieu de prétendus architectes, devant des millions de pages en papier carbone, blue-prints, échantillons, grandzidées, qui soudain oserait demander d’une voix inaudible : « pardon mais où est-ce qu’on va dormir ? »
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