“L’inverse de l’héroïsme est moins la lâcheté que la sensualité.” (Avant la longue flamme rouge)
“Aux insectes, la sensualité !
Je suis, mon cher, cet insecte et c’est spécialement de moi que cela a été dit. Nous autres Karamazov, nous le sommes tous, toi aussi, un ange, cet insecte vit en toi et fait naître des tempêtes dans ton sang! Ce sont bien des tempêtes, car la sensualité est une tempête, plus qu’une tempête! La beauté est une chose terrible et effrayante! Terrible parce qu’indéfinissable, et l’on ne peut la définir parce que Dieu n’a proposé que des énigmes. Là les extrêmes se touchent ; là cohabitent toutes les contradictions. Je suis bien inculte, mon cher, mais j’ai beaucoup réfléchi à cela. Il y a énormément de mystères ! Trop d’énigmes accablent l’homme sur la terre. On n’a qu’à les résoudre comme on voudra et sortir sec de l’eau. La beauté ! Ce que je ne peux pas supporter, c’est que tel homme, de coeur élevé et même d’une grande intelligence, commence par l’idéal de la Madone pour finir par l’idéal de Sodome. Plus effrayant encore est celui qui portant déjà l’idéal de Sodome dans son âme, ne rejette pas non plus l’idéal de la Madone, celui dont le coeur brûle pour lui et qui brûle en vérité, en vérité, comme en ses jeunes années d’innocence. Non, la nature de l’homme est large, trop large même, je la rétrécirais. C’en est intolérable, voilà ce qu’il en est! Ce qui à la raison paraît être une honte est, pour le coeur, une beauté. Est-ce dans Sodome qu’est la beauté? Crois bien que c’est précisément dans Sodome qu’elle est pour l’immense majorité des gens. Connaissais-tu ce mystère? L’horrible, c’est que la beauté est une chose non seulement terrible, mais aussi mystérieuse. C’est le diable qui lutte avec Dieu et le champ de bataille et le coeur des hommes.”
Fiodor Dostoïevski
Vous avez raison Guillaume et j’ai enfin compris ce que vous vouliez me dire. Mais vous le disiez sur le ton de la vexation narcissique et non sur celui de la Vérité. Je ne compte pas pardonner aux « », qui sont des figures du Mal ; mais je sais que si Dieu m’a ainsi éprouvé depuis treize années, c’est parce qu’il le fallait – que la voie que je dois suivre est la Sienne. Je voulais l’ignorer. Je ne sais si la grâce de récrire me sera rendue, mais à présent je ne compte plus vouloir, ni désirer, ni regretter d’avoir été Dieu jadis, ou de m’être cru tel. J’attendrai seulement Ses moments. Pardonnez-moi. Je n’avais pas compris. M.
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